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LA PERDRIX GRISE

Caractéristiques

La perdrix est le gibier a plume le plus commun et le plus chassé en France. Deux espèces principales se partagent notre territoire : la perdrix grise, au nord de la Loire, et la perdrix rouge, au sud. Bien entendu, la démarcation n'est pas absolue : on trouve des perdrix rouges au nord du fleuve et des perdrix grises au sud; le nombre des unes et des autres diminue au fur et a mesure que l'on s'éloigne de la Loire.

La perdrix grise est l'espèce la plus répandue. C'est, par excellence, I'oiseau de chasse des grandes plaines, ou elle recherche les champs de céréales et vit de façon sédentaire. Mais on trouve également ses remises dans les boqueteaux, les buissons.

 

Les oiseaux des 2 sexes se ressemblent. Les parties supérieures du corps sont gris roussâtre avec des rayures transversales brunes et noires. Les scapulaires et les sur alaires du coq pressentent un trait longitudinal blanchâtre. Chez la poule, ces plumes portent des barres transversales jaunâtres (croix de lorraine). En général, la tête du coq est assez carrée, avec les joues rouge-brun très prononce, des bandes blanches sur le front et les joues, ainsi que des pointillés blancs sur le dessus de la tête; la partie inférieure du corps peut être de couleur plus claire ou présenter des plumes rousses formant un fer a cheval plus ou moins accentue, mais ce fer a cheval brun marron, au centre de l'abdomen, n'est pas l'apanage exclusif du coq. Le bec et les pattes sont de couleur cendre bleuâtre. (masquer)

 

Alimentation

La perdrix se nourrit de semences, de graines, d'herbes; elle aime également les larves d'insectes, en particulier les larves de fourmis. (masquer)

Comportement et reproduction

La perdrix grise est sociable et vit en compagnie près du lieu ou elle est née. Elle va au gagnage des le matin et vers le soir, et se repose pendant la journée. Tous les individus d'une même compagnie se rassemblent le soir, a l'appel des perdrix âges, qui émettent des cris bien connus des chasseurs.

Par temps sec et lorsque le soleil brille, les perdrix se réunissent dans les cultures vertes et dans les haies. Les petits bouquets d'arbres et les bordures des bois sont également des remises recherchées. Lorsqu'elles sont pourchassées, elles peuvent très bien regagner les labours, ou elles se tapissent entre les mottes. Par temps humide, les perdrix se tiennent dans les chaumes, en terrain découvert; par pluie forte, dans les haies. En hiver, elles se mettent a l'abri du froid dans les sillons, les fosses secs, les dépressions du sol. Plus il fait froid, plus elles se serrent les unes contre les autres. En automne, les compagnies sont formées du couple et des jeunes de l'année (perdreaux). En hiver, la recherche de la nourriture quotidienne est leur préoccupation essentielle; c'est l'époque ou, par suite du jeune, les perdrix sont le plus faibles; les bêtes de rapine font alors d'importants dégâts dans leurs rangs, et le nombre des individus par compagnie diminue beaucoup. Des le début de l'année, les compagnies se disloquent, puis l'époque de la pariade commence. Les coqs, qui sont monogames, se battent furieusement entre eux pour la conquête des poules. En effet, les males sont toujours plus nombreux que les femelles; certains auteurs admettent que sur 5 oiseaux on compte 3 coqs et 2 poules. Ce déséquilibre peut amener à pratiquer l'écoquetage.

Le couple, une fois forme, adopte un canton détermine ou il trouvera réunies les conditions nécessaires à sa nourriture et à sa sécurité. En général, ce sont des terres cultivées, des prairies, naturelles ou artificielles. Un mois après la pariade, la poule établit son nid, avec un peu de paille, de l'herbe et des plumes. Elle pond, de fin mars a mi-avril, de 10 a 18 oeufs, dont elle assurera seule l'incubation. Le coq se borne a monter la garde prés du nid jusqu'a l'éclosion, qui a lieu 24 jours après. Souvent, ces nids sont mis a découvert et même détruits par les fauchaisons. Si la poule est dérangée, elle abandonne ses oeufs; comme la loi le permet, on devrait toujours les recueillir pour les faire couver par une poule de ferme.

Des leur naissance, les poussins s'en vont sous la conduite de la poule et du coq. Ce dernier partage la sollicitude de sa compagne envers les jeunes. En général, iI n'y a qu'une ponte par an ; toutefois, lorsqu'un nid est détruit, II arrive qu'intervienne un recoquetage d'ou résulte une 2. couvée. Cette 2ème ponte ne comporte que 5 a 12 oeufs. La famille ainsi constituée reste groupée jusqu'a la fin de l'année. (masquer)

Habitats et alimentation

L'habitat optimum doit avant tout permettre à la perdrix de satisfaire ses besoins fondamentaux (M. Birkan, 1991) à savoir :

- Un territoire composé à 40% de céréales pour l'implantation du couple (jusqu'à 20 couples aux 100ha).

- Des sites de nidification et une pluviométrie propices à la couvaison début juin d'une quinzaine d'œufs posés à même le sol.

- Un couvert pour la protection des jeunes faces aux nombreux prédateurs.

- Des sources d'insectes qui constituent la nourriture exclusive des poussins durant leurs trois premières semaines.

- Des couverts en hiver qui apportent protection et nourriture.

 

Pourquoi les populations de perdrix grises connaissent-elles une régression ?

La prédation : un facteur important dans la régression des populations. Souvent considérée comme le cheval de bataille des gestionnaires passifs (D. Aufradet, 1999), la prédation est un phénomène qui a été analysé lors d'une étude réalisée par l'ONC.

Cette étude étalée sur trois ans a mis en évidence l'importance de la prédation de la part des carnivores et a permis de clarifier l'impact réel des rapaces diurnes. Ainsi, il ressort de cette étude que la prédation est la principale cause de mortalité des perdrix grise quelle que soit la saison (F. Reitz, E. Bro, P. Mayot et P. Migot, 1999). Néanmoins le phénomène de prédation est indissociable de l'environnement dans lequel vit la perdrix. En effet, l'étude fait apparaître que la variation du nombre de perdrix est liée à la présence de Busards St Martin et des roseaux ; cela dit, à proximité d'un bois ou d'une jachère, cette prédation diminue considérablement. La relation entre diminution des populations et prédation de la part des Busards dépend donc en partie du biotope.

Présence des perdrix au sein d'une parcelle de culture

Source : Bro Elisabeth ; Mayot Pierre ; Migot Pierre ; Reitz François.- Influence de l'habitat et de la prédation sur la démographie des perdrix grises.- Le Bulletin Mensuel de l'ONC, 1999, N°240.- pp. 10-21.

 

L'étude montre aussi, qu'à proximité des bois et des terrains couverts, la présence des renards (mesurée par l'IKA (Indice Kilométrique d'Abondance) et la présence des mustélidés (mesurée par l'indice de présence de fèces) s'accroît. (masquer)

 

L'impact des techniques culturales

La hausse de la taille moyenne des exploitations et la forte modernisation qu'elles ont connu, ont entraîné des bouleversements dans le paysage. Cette intensification de l'agriculture a conduit à des aménagements qui ont largement modifié le biotope de la perdrix (D. Aufradet, 1999). La hausse de la taille des parcelles et l'homogénéisation des assolements ont réduit les sites de nidification de la perdrix qui affectionne plus particulièrement le pourtour des parcelles (figure 1) se trouvant à proximité des chemins (F. Reitz, E. Bro, P. Mayot et P. Migot, 1999). Cette agriculture, lorsqu'elle utilise l'irrigation, entraîne un abandon des nids fin mai et ainsi une faible reproduction.

L'augmentation de la taille des parcelles résulte du recours au remembrement. Ce remembrement a permis de regrouper les terres mais il a entraîné des modifications sur le biotope des perdrix avec l'arrachage des haies nécessaires à l'alimentation (insectes pour les jeunes), la nidification, et la protection vis à vis des prédateurs ; ainsi "Survivre est difficile quand on perd d'un coup, couvert et site de nidification" E. Thévenon, 1999.

Cependant, la perdrix est adaptée à un paysage céréalier semi-ouvert. Le remembrement s'il n'est pas excessif peut-être bénéfique au maintien de la perdrix grise.

La mécanisation cause un autre préjudice sur le gibier. L'augmentation de la taille des engins agricoles conduit à une mortalité excessive surtout lors des travaux de récolte (fauchage et moisson).

L'agriculture est aussi utilisatrice de produits phytosanitaires et notamment d'insecticides qui vont réduire la capacité d'un territoire à alimenter les jeunes perdreaux de moins de 3 semaines. D'autres produits sont aussi toxiques pour la perdrix et le gibier en général, on peut citer : le Promet CS 400 (rapport Promet CS 400 de 1999), le lindane (aujourd'hui interdit) ou encore le temik.

Pression de chasse, lâcher et pollution génétique

La raréfaction de la perdrix grise ne reste pas un phénomène isolé. Le petit gibier en général est victime d'une baisse d'effectifs imputable à plusieurs causes (D. Pépin, 1993). La cause originelle étant l'introduction du virus de la myxomatose en 1952 par le Dr Delille qui voulait lutter contre les dégâts causés par le lapin de garenne nuisible à l'époque. Devant l'ampleur de l'impact de ce virus, les chasseurs ont tenté en vain d'introduire une espèce de lapin résistante (Sylvilagus floridanus). L'inadaptation génétique de cette espèce a conduit les chasseurs à s'orienter vers d'autres espèces chassables telles le lièvre et les perdrix grise et rouge (D. Pépin, 1993).

La pression de chasse excessive, qui en a découlé, a entraîné un déclin des populations de petit gibier. Pour faire face à cette chute des effectifs, les chasseurs ont recouru aux lâchers d'espèces autochtones ou exotiques. Les risques de l'introduction d'espèces exotiques sont multiples et peuvent notamment mener à une pollution génétique des rares reliques encore présentes sur le territoire de chasse.

Bilan : de multiples paramètres influent sur la perdrix. Les modifications que l'Homme a apporté au milieu naturel ont été, depuis les années 70 (D. Pepin, 1993), défavorables à la perdrix.Malgré des interventions sporadiques de quelques passionnés entre 1975 et 1985, la réelle prise de conscience d'une nécessité de stopper la régression des populations de perdrix grise n'a commencé qu'au milieu des années 80. Entre temps, certains chasseurs n'ont pas assumé leurs responsabilités en raccrochant leur fusil faute de gibier. D'autres se sont orientés vers la chasse dite commerciale, qui se soucie peu (D. Aufradet, 1999) de la régression des populations de gibier naturel.Nous allons donc dans cette troisième partie, essayer de dresser la liste des interventions possibles pour gérer la perdrix afin d'obtenir une population suffisante pour ensuite pouvoir réaliser des prélèvements. (masquer)

 

Les techniques modernes de gestion de la perdrix grise

 

Le rôle de l'agriculture

L'agriculture est un partenaire indispensable à la gestion cynégétique car les agriculteurs sont les détenteurs ou les utilisateurs des milieux propices à la perdrix. Bien que des erreurs aient été commises par le passé (F. Grange, 1999), elle participe dorénavant au côté de tous les acteurs qui sont préoccupés par le maintien de ce gibier.

Cependant, les mesures de reconstitution du biotope favorable à la perdrix ne doivent pas entraîner de coûts de production supplémentaires pour les agriculteurs. Néanmoins, si elles possèdent un intérêt agronomique en plus de leurs intérêts fauniques, cela devient un argument pour inciter les agriculteurs à réaliser quelques aménagements.

 

Les pratiques culturales

Afin de contrer les effets néfastes de la mécanisation agricole, notamment lors des travaux de récolte et de broyage, il faudrait munir les engins de récolte de systèmes d'effarouchement, et évoluer du centre vers la périphérie de la parcelle pour permettre au gibier une fuite progressive.

La baisse des sites propices à la nidification n'est pas une fatalité. La taille des parcelles peut être réduite à 15ha, et l'alternance des différentes cultures pratiquée (plantes sarclées-céréales). Enfin, l'irrigation peut ne plus être un obstacle à la couvée, si elle n'est pas pratiquée sur les 50 premiers mètres à partir des chemins (F. Reitz, E. Bro, P. Mayot et P. Migot, 1999).

Les haies

La plantation de haies, aidée par le ministère de l'agriculture et qui encourage ainsi la réhabilitation des écosystèmes, limite la verse des céréales et l'érosion par les pluies hivernales (C. Le Pertuis, 1999). Ces haies n'entraînent pas de baisse du rendement bien que la surface limitrophe soit peu productive. Il faut alors implanter les abords des haies en jachère tout en prenant soin de na pas faucher cette dernière avant la fin de l'été, pour ne pas supprimer brutalement le couvert, qui sert de protection vis à vis des rapaces prédateurs.

Les haies sont sources d'une biodiversité fauni-floristique. En effet les buissons fournissent des fruits et abritent une flore fragile ainsi que de nombreux insectes, alors que l'humidité engendre un milieu favorable pour les mollusques, les annélides et les microorganismes (E. Thévenon, 1999). Ainsi, les insectes constituent une source de nourriture pour les perdreaux jusqu'à l'âge de trois semaines alors que les fruits, les annélides et les mollusques alimentent les perdrix de plus de 3 semaines.

 

Les jachères

L'intérêt de recourir à des JEFS (Jachères Environnement Faune Sauvage) ou à des jachères permettant une récolte de fourrages après le 1er septembre, est multiple.

En effet, elles apportent satisfaction sur les plans agronomique, faunique (par la formation d'un couvert, et d'une réserve de nourriture), environnemental et paysager. L'implantation de telles cultures croît constamment, en Picardie, qui est un département pilote : les couverts implantés (graminées-légumineuses, maïs-sorgho, avoine-choux-sarrazin, luzerne…) représentent des superficies sous contrat de plus en plus importantes. La demande de contrats (souscrits par les fédérations) n'a d'ailleurs pas été satisfaite, sur les 5 000 ha de demande, 4 000 ont été implantés par 800 agriculteurs volontaires (La Chasse, 1999).

Les dérobées

Les dérobés ont aussi une très forte utilité. Ils permettent, outre leurs nombreux intérêts agronomiques, le maintien d'un couvert végétal protecteur lors de l'interculture. Les perdrix sont ainsi moins affectées par la prédation et trouvent une source de nourriture substantielle composée de mollusques et de fructifications.

 

Les produits phytosanitaires

Pour réduire l'impact de la toxicité de certaines matières actives de produits phytosanitaires, l'agriculteur peut être amené à réduire ses doses d'intrants ou ne pas utiliser certains intrants très toxiques. Cet objectif est complémentaire à celui de la pratique d'une agriculture raisonnée. (masquer)

Le rôle de la chasse

 

Le rôle des chasseurs dans la gestion de la perdrix grise :

Les comptages

Ceux-ci se font lors de battues à blanc, et nécessites la présence de nombreuses personnes ainsi qu'une bonne organisation pour être sûr d'estimer au mieux la population présente sur un territoire. Le comptage de mars est un outil qui permet d'évaluer le nombre de couples présents (M. Birkan, 1991) et d'estimer le prélèvement maximum possible pour la saison de chasse . Le comptage de mars est dans certain cas suivit d'un comptage d'août qui mesure la réussite de la reproduction. Il affine alors la mesure du prélèvement qui pourra être effectué.

L'agrainage modéré

Conscients des handicaps du milieu, les chasseurs ont amélioré la capacité d'accueil de leurs territoires en disposant ça et là des agrainoirs garnis de céréales ou des bottes de paille non dépourvues de leurs épis. La disposition des agrainoirs doit rester aléatoire, l'idéal est un déplacement de ces derniers pour éviter tout apprivoisement des perdreaux.

L'agrenoir permet de créer un point de refuge, ainsi qu'un point d'eau durant tout l'hiver, qui est la période la plus désavantageuse pour la perdrix, car le couvert végétal est réduit et la nourriture difficile à trouver.

 

La gestion des prédateurs

On l'a vu précédemment, la prédation constitue un facteur important de la baisse des populations de perdrix grise (F. Reitz, E. Bro, P. Mayot et P. Migot, 1999). La création d'un couvert végétal entraîne une augmentation de la présence des prédateurs comme le renard ou la fouine, mais fait diminuer le taux de prédation des busards St martin et des roseaux.

Ainsi, dans le cas où un couvert a été implanté, la régulation des prédateurs passe principalement par un piégeage des mammifères, qui est tombé aux oubliettes depuis quelques années, faute de personnes motivées. La gestion de la perdrix grise ne sera donc efficace qu'au prix d'une régulation, et non une extermination, des prédateurs ; et, n'en déplaise aux personnes qui prônent le retour à la " loi de la jungle " où l'homme n'aurait plus aucun rôle de gestionnaire de la nature, la régulation des prédateurs est indispensable pour obtenir une conservation de la perdrix, car sinon, les prédateurs se développeront plus vite que les perdrix. En effet, ils s'adaptent beaucoup mieux à l'environnement humain ; ils tireront donc leur épingle du jeu, alors que la perdrix sera menacée de disparition (D. Aufradet, 1999). (masquer)

Le cri de Perdrix

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